Le 7 mars 2004 - De Saint Louis à Paris

 

Carnet n° 11

Les carnets de voyage

Coucou !

 
 
 
 

[] La langue de Barbarie
[]
Un nouveau partenaire
[] Le lac Retba
[] Dakar
[] Retour au pays
[]
Exposition "Escales" au centre René Binet à Paris

 

Langue de Barbarie, côté océan.

 
     
 


Pêcheurs du quartier de Guet N'Dar

[] La langue de Barbarie : Nous ne pouvions pas vous parler de Saint-Louis sans vous parler de la langue de Barbarie ! La topographie de cette ville est unique et un peu compliquée : la vieille ville se situe sur l'île, d'une taille d'environ 500 mètres sur deux kilomètres. La ville nouvelle se situe à Sor, qui forme une presqu'île (où se trouve également le quartier de Pikine).

Ces deux parties sont entourées par les bras du fleuve Sénégal. Mais de l'autre côté de l'île, une langue de terre d'à peine quelques centaines de mètres de large sépare le fleuve de l'océan Atlantique. C'est cette bande que l'on appelle Langue de Barbarie. Elle mène jusqu'à la Mauritanie au nord ; et au sud, la mer et le fleuve se rejoignent à 18 Km de là. Sur la partie en face de l'île se situe Guet N'Dar, le quartier des pêcheurs, ancien et très dense en population.

C'est dans ce quartier que nous avons rencontré les enfants de la rue dont nous vous avons parlé dans la news précédente. Plus loin sur la Langue, c'est une grande plage et de la végétation, jusqu'à l'hydrobase, le lieu de départ du célèbre aviateur Jean Mermoz pour ses traversées de l'Atlantique en avion au début du 20e siècle. Plus loin encore, c'est une réserve naturelle qui accueille actuellement de nombreux oiseaux pendant leur période de migration.
Encore un joyau du site de Saint-Louis...on comprend pourquoi il est classé patrimoine mondial par l'UNESCO !

 

[] Un nouveau partenaire : Avant de quitter nos jeunes de Saint-Louis, il nous restait une dernière chose à faire : mettre en place la suite de l'échange. En notre compagnie, ils se sont rendus deux fois dans un cybercafé du quartier de Sor. Nous l'avions choisi pour plusieurs raisons : une salle spacieuse, suffisamment de postes pour "surfer" dans de bonnes conditions et, le plus important, une équipe accueillante et disposée à les encadrer au mieux. Mais allaient-ils accepter un partenariat d'au moins quelques mois ?


     


Mimi, une employée,
Malick et sa femme, Fabrice, au cyberc@fé Flo.


La salle principale, qui devrait bientôt accueillir une quinzaine d'ordinateurs supplémentaires.

Le projet est un tour du monde des contes, des belles histoires, et on nous en a raconté une peu ordinaire.
Le gérant nous fait asseoir et nous explique qu'il a fait la connaissance d'une Française via le net. Après plusieurs discussions en direct, ils se sont si bien entendus qu'elle lui a fait part de sa volonté d'ouvrir un cybercafé au Sénégal. Elle a alors fait confiance au jeune homme et lui a fourni la somme nécessaire pour accomplir la tâche ! Si.

C'était en mai 2003. Croyez-vous au hasard ?
Malick (As de son surnom), a si bien répondu à la confiance que Florence avait mis en lui que bientôt le cyberc@fé Flo a vu le jour ! Florence, quant à elle, est venue au Sénégal avec toute sa famille en décembre 2003 et a constaté ce que son flair ou sa chance (appelez-le comme vous voulez) a pu accomplir. Elle n'avait qu'une touche personnelle à ajouter, la décoration du lieu.

 

Nous sommes restés à écouter cette histoire. Et, parce que la confiance est communicative, nous nous disions que nous avions trouvé le nouveau partenaire de l'association. Malick a tout de suite accepté de recevoir le club Pikine en notre absence, d'encadrer les enfants et de les aider à poursuivre leur découverte de l'outil internet. Il nous voyait souvent arpenter le cyber, sans savoir exactement quel était notre projet.
Petit budget de l'association et emploi du temps de l'équipe éducative de l'école obligent, les enfants viendront se connecter un samedi matin sur deux, accompagnés du directeur de l'école Pikine Annexe 3 Poteaux. Ils sont donc entre de bonnes mains et nous pouvons quitter Saint-Louis... légers.

       
 



En blanc, du sel !


La récolte


Village peul appelé "Bonaba".

[] Le lac Retba : Après avoir vu une dernière fois nos amis, nous partons en taxi-brousse pour le lac Retba, à 250 Km de là. Vous allez nous dire : pourquoi le lac Retba ? Parce que comme vous allez le constater, ce lac est une curiosité naturelle. Nous choisissons cette destination également parce qu'elle est près de Dakar et que nous n'avons plus beaucoup de temps avant de prendre notre envol vers la France !
Le lac Retba est en fait plus connu sous le nom de lac rose, car il prend cette couleur dès qu'il fait beau (c'est à dire très souvent). Sa couleur vient d'une algue microscopique qui s'est répandue peu à peu dans l'eau.
Mais ce n'est pas sa seule particularité : il est tellement salé que pas un poisson n'y survit ! La concentration en sel fait que le corps ne coule pas, c'est comme dans la mer Morte : on peut tranquillement lire son journal en restant à la surface. Fabrice n'a pas pu s'empêcher de tester par lui-même. En nageant, il faut même faire des efforts pour que les pieds restent dans l'eau... Le seul ennui, c'est que le sel est très corrosif pour la peau et qu'on ne peut pas rester bien longtemps. Il vaut mieux ne pas avoir la moindre plaie !
Le lac est donc un lieu d'exploitation du sel : des hommes passent chaque jour des heures à récolter le sel qui s'accumule au fond du lac mais s'enduisent le corps de beurre de Karité pour ne pas avoir la peau trop abîmée.
En tous cas, ce lac tranquille a été pour nous quatre jours de repos bien agréables avant Dakar et nous ne sommes pas prêts d'oublier la balade à cheval que nous avons faite sur la plage (au trot et au galop).

 


Balade sur la plage sur Coca et MC (Solaar).

 


   
 


Le palais présidenciel au centre de Dakar.


Les buildings, ça nous change de Saint-Louis.


Flûtiste opérant un grand écart facial
à 50 ans passés !

[] Dakar : La capitale Sénégalaise est une grande ville cosmopolite de plusieurs millions d'habitants. Elle concentre beaucoup d'activités. Nous n'avons eu que trois jours pour voir à quoi ressemble cette ville : le grand marché Sandaga, le centre-ville, les bâtiments ministériels, les faubourgs, le bord de mer... mais il faut bien avouer que la ville ne semble pas avoir un charme particulier. C'est en tous cas sans conteste le centre économique et administratif du pays.
Nous avons hâte de rentrer et notre esprit est déjà en France. Comment vont la famille, les amis, comment les écoles et les centres qui nous ont suivi vont nous accueillir, va-t-on pouvoir présenter notre exposition, que s'est-il passé pendant nos cinq mois d'absence, fait-il froid ? Autant de questions que nous nous posons souvent, et nous allons bientôt avoir les réponses !
Ce que l'on constate, c'est que la chance nous a suivi presque partout dans notre périple, et que ce que nous avons vécu va être difficile, même impossible à résumer, tant le voyage et les rencontres ont été riches.

In extremis, nous avons assisté à la dernière soirée d'un festival de contes au centre culturel français, avec une dizaine de conteurs de différents pays et un groupe de musique... Un régal !

 

 

 

Nous quittons avec émotion le sol africain, et sommes heureux d'avoir parcouru ces trois pays, tellement différents, à travers le prisme de ce projet. Nous avons le sentiment d'avoir apporté et reçu beaucoup, avec les enfants et les adultes, et d'avoir construit quelque chose ensemble, au prix d'un effort commun.
Cette "construction", à la fois fragile et précieuse, a été possible grâce à la confiance et l'investissement de nos hôtes.
Nous tenons donc à remercier ici :


     

- Le groupe Hesperides Creation et l'équipe d'animateurs menée par Khalid Belaziz, de l'association Cherif Idrissi, pour leur accueil et leur sens artistique ;
- Amin Chentouf et Mounir pour leurs belles chansons, Ahmed et Rachida Ben Hammou et leurs parents pour leur accueil chaleureux ;
- Mr Mohamed Yeslem Ould El Vil pour sa générosité et sa simplicité ;
- Mr Baba Mohda et Mr Mohamed Ould Hamden pour leur accueil et leurs enseignements sur la culture mauritanienne ;
- Le groupe Pikine et l'équipe d'enseignants conduite par Mr Waly Ba pour leur accueil et leur gentillesse,

- Ngam Diarra et le groupe Saint-Louis Teranga pour leur accueil et leur musique.

Puissions-nous garder toujours le contact et nos chemins se croiser de nouveau !
Inch Allah.
 


Nous sommes accueillis
comme des rois par nos familles !


Une petite chanson en guise de remerciement.


Et trois chansons offertent par les enfants

[] Retour au pays : L'arrivée à l'aéroport de Roissy à 7h30 du matin est un choc : le pilote nous annonce : "Bienvenue à Paris, la température est de -3 degrés" !
On a vite ressorti les pulls, les grosses chaussures et les manteaux. Dakar est loin derrière nous avec ses 23° à l'ombre.

Il faut bien dire quand même que nos familles et amis nous manquaient, et nous sommes heureux de les retrouver.
Sans plus attendre, nous organisons notre séjour, car un mois semble trop court pour tout ce que nous voulons faire. Donc les trois premiers jours, on dort !

En priorité : organiser une exposition au centre René Binet et les visites aux enfants qui nous ont suivi.
La visite de l'école Charles Péguy est un grand moment : les enfants des classes de Florence, Claire et Antoine se sont tous réunis jeudi dernier pour nous accueillir : nous avions tellement de choses à nous dire que l'après-midi n'a pas suffit ! En suivant nos péripéties, ils ont appris beaucoup de choses et ils peuvent maintenant communiquer directement avec des enfants à des milliers de kilomètres de là. Nous avons répondu à de nombreuses questions, présenté une vidéo, chanté une chanson. De leur côté, ils avaient préparé des chansons, un goûter et certains étaient même habillés en djellaba ou en boubou ! Nous repasserons une seconde fois dans l'école pour continuer le dialogue et leur présenter des contes.

Les enfants du centre René Binet, qui font parti du projet, nous ont reconnu dès notre arrivée : ils ne nous avaient encore jamais rencontré. Notre visite a été l'occasion de discuter de la manière dont ils voient le projet et d'apprendre quels sont leurs centres d'intérêt. Ils sont pleins de ressources et d'imagination. Avec d'autres centres de loisirs de Paris, ils ont préparé une grande Manifestations : exposition "Moi, je, vous, les autres" sur le thème de la différence, de la mémoire et du voyage.


     
 


Une grande fresque réalisée
par 15 enfants du centre Binet.


Christine dans le centre Binet dont les murs colorés accueilleront notre exposition.

[] Exposition "Escales" au centre René Binet à Paris :
Avec Christine Bernard et l'équipe de ce centre d'animation du 18e arrondissement, nous avons imaginé une exposition de photos et d'objets que nous avons rapporté. Cette exposition se tiendra entre le 22 mars et le 17 avril, et le vernissage aura lieu le 31 mars, avec des récits de voyage, de la vidéo, de la musique et du conte...
Puis, nous partirons le lendemain à 7h30, direction New Delhi ! Ce sera pour nous une bonne manière de clore ce passage en France et d'inciter plus de gens à découvrir notre projet, qui est à un tiers de son déroulement. Nous sommes en train de préparer l'exposition, mais nous prendrons aussi le temps d'envoyer les photos à nos partenaires et de mettre le site à jour avec de nouveaux dossiers. Bref, on ne chôme pas, et c'est tant mieux !

A bientôt !
Fabrice et Mimi

 

Visitez l'album photo du Sénégal et lisez la suite de nos aventures dans le prochain carnet de voyage : "Bonjour de Delhi".